Ils ne disposent d’aucune assurance et d’aucun compte de tiers, ils vous réclament des commissions curieusement élevées et s’en vont avec le magot sans plus donner signe de vie. Les faux agents immobiliers ternissent l’image de la profession. L’année dernière, l’Institut professionnel des agents immobilier (IPI) s’est adressé 54 fois à la justice pour demander une cessation d’activité. Et le jugement s’est révélé favorable à l’Institut à 47 reprises, ce qui fait un faux agent condamné presque chaque semaine. Alors beaucoup ? Pas beaucoup ? C’est en tout cas le résultat du travail de seulement… deux détectives privés travaillant au sein même de l’Institut. Qui cache mal un certain malaise vis-à-vis de ce petit nombre de bras. « On fait avec les moyens qu’on nous donne », glisse-t-on. Un détective pour la Wallonie, une autre pour la Flandre. Qui semblent ne pas avoir assez des vingt-quatre heures d’une journée pour mener à bien leur travail. Sans doute cela donne-t-il une idée de l’ampleur du phénomène…
Pour mener la traque aux agents illégaux, les deux détectives se basent à la fois sur les plaintes déposées par des particuliers et sur des recherches personnelles dans des publicités, sur Immoweb, sur Facebook…
L’année dernière, 571 dossiers ont ainsi été ouverts par le département « dépistage ». Un nombre qui ne veut pas dire grand-chose car tous ces dossiers ne sont pas synonymes d’exercice illégal. Un particulier peut tout à fait demander à l’IPI de lui confirmer que tel ou tel agent est bien enregistré. La première étape pour les détectives est donc de consulter la liste des agents immobiliers agréés. Mais cela ne suffit pas. Car seuls les agents indépendants doivent être inscrits. Les employés travaillant au sein d’une agence agréée ne doivent pas disposer d’un numéro.
Lorsque l’exercice illégal est constaté, le contrevenant est informé. « On lui demande de se mettre en ordre, précise Anne-Sophie Chevalier, porte-parole de l’IPI. Il peut soit entamer un stage, soit prendre le statut d’employé et travailler dans une agence immobilière dont le patron est agréé, soit encore arrêter tout simplement son activité. » Ce n’est que si la personne persiste dans l’illégalité que l’Institut se tourne vers la justice. Et que commence le « vrai » travail des détectives (lire ci-contre).

Accès à la profession élargi

Les imposteurs qui sévissent dans la profession représentent une concurrence déloyale pour les plus de 9.000 agents qui ont franchi les différentes étapes permettant d’obtenir un numéro IPI. Des étapes qui vont être quelque peu revues à partir du 1er  janvier. L’accès à la profession sera effectivement élargi à tous les détenteurs d’un baccalauréat (professionnalisant ou universitaire). Pour le moment, c’est toujours une vieille liste de 1993 énumérant les diplômes nécessaires – dont certains n’existent d’ailleurs plus – qui fait loi.
Mais qui dit élargissement de l’accès, dit aussi contrôle renforcé des compétences. Dès le mois prochain, un test sera organisé avant l’inscription à la liste des stagiaires. Même s’il n’est pas concluant, il ne barrera pas la route aux intéressés mais leur permettra tout de même de jauger leurs points forts et leurs faiblesses. Pour la suite, rien ne change : le stage de 200 jours ponctué du test d’aptitudes.
En espérant qu’ensuite, ils ne rejoignent pas le groupe des agents qui, même agréés, ne donnent pas à la profession la meilleure des réputations.

http://www.lesoir.be/379183/article/economie/immo/2013-12-12/comment-detectives-prives-l-ipi-traquent-imposteurs-l-immobilier